Depuis des décennies les fibres de viscose sont utilisées pour la confection textile. Il suffit de regarder la composition de vos vêtements pour vous en apercevoir. Leur utilisation dans l’univers des lingettes n’est pas non plus récente, et elle est même plus que recommandée pour garantir l’absorption de la lotion sur le support. Les non-tissés standards sont donc composés d’un mélange de viscose et de polyester (fibres synthétiques, dérivées du pétrole).
Mais l’évolution générale de la société vers l’utilisation de produits plus naturels a fait exploser l’utilisation de supports naturels et biodégradables. Et dans plus de 90% des cas, cela se traduit par l’utilisation d’un non-tissé en viscose. Alors cette viscose est-elle la solution ultime pour des produits écologiques ?
Qu’est-ce que la viscose ?
La viscose est une fibre naturelle artificielle issue de la transformation de la cellulose. Cette cellulose provient des arbres, et de la pulpe contenue dans leur tronc. La première étape de transformation est donc l’obtention de la cellulose, selon un procédé de fabrication papetier. La cellulose obtenue ne se présente pas sous forme de fibre, il est donc nécessaire de la transformer de nouveau. Il s’agit de dépolymériser (« casser ») les chaines de cellulose, pour les casser en petites molécules, qui seront ensuite mises sous forme de fibres, puis repolymérisées. Au final la structure chimique de la fibre est identique à celle de la cellulose, mais avec une mise en forme différente. La fibre reste donc d’origine naturelle, et est totalement biodégradable. Là ou le bât blesse, c’est la naturalité du procédé de transformation : afin de décomposer la cellulose, des bains d’acide sulfurique et de composés soufrés sont nécessaires. Et pour recomposer la fibre, la cellulose sous forme liquide est injectée dans un bain de soude caustique.
Au final, cette fibre naturelle est obtenue via un procédé de fabrication peu naturel, et générant des quantités importantes de déchets solvantés.
Comment améliorer l’impact écologique de la viscose ?
La seule façon d’améliorer l’empreinte écologique de ce procédé est de recycler les solvants utilisés lors de la production, mais cela ne s’avère pas si évident que ça. C’est pourquoi il y a une trentaine d’années un autre procédé de fabrication a vu le jour : le procédé Lyocell, aussi connu sous le nom commercial de Tencel™. ®. La matière première est identique, la cellulose, et la fibre en sortie de processus est donc toujours une fibre synthétique artificielle, d’origine naturelle. La différence réside dans les solvants utilisés pour décomposer et recomposer la fibre. Un solvant spécifique a été développé, le NMMO (N-Methylmorpholine N-oxide). Ce solvant est non toxique, et surtout il est recyclé à plus de 99% lors du process de fabrication. La production des fibres de Tencel est donc quasiment réalisée en circuit fermé, limitant ainsi fortement l’empreinte écologique du produit !
Cette fibre présente des propriétés similaires à la viscose, puisque leur nature chimique est la même. Mais le mode de fabrication implique également quelques différences. Par exemple la géométrie des fibres est visible sur les images MEB (microscopie électronique à balayage) ci-dessous.


La viscose a une surface un peu rugueuse, contrairement au Tencel qui a une surface lisse. C’est pourquoi le Tencel est notamment plus doux au toucher. D’autres différences sont également présentées dans cet article.
Viscose ou Tencel, que choisir ?
Premièrement, les deux produits sont éligibles pour le développement d’une lingette Cosmos Natural, comme détaillé dans cette rubrique. Leur qualité « éco-friendly » est donc prouvée.
Évidemment sur le papier le Tencel remporte le match de l’écologie contre la viscose. Même si son utilisation augmente au fil des années, il n’est pas encore devenu la référence des fibres biodégradables. Car vous l’aurez compris, qui dit précédé nouveau et innovant, dit prix supérieur. Et le procédé de fabrication du Tencel® étant breveté, une seule compagnie dans le monde est en mesure d’en produire, ce qui crée une demande supérieure à l’offre.
Pour résumer, s’il faut choisir entre la viscose et le Tencel, le second est la solution la plus écologique à l’heure actuelle. Mais pour des contraintes de coûts qui sont loin d’être négligeables lors d’un développement de lingettes, la viscose reste une solution écologique intéressante, de part son origine naturelle et sa biodégradabilité. Son utilisation est déjà un premier pas vers des produits plus naturels, en éliminant la composante plastique encore présente dans de très nombreux produits sur le marché !
Pour aller plus loin : en juin 2018 le fabriquant du Tencel™ a décidé de renommer les fibres à destination du marché du non-tissé en Veocel™. Ne vous étonnez donc pas que les deux termes cohabitent !